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Les bases de la photographie d'aviation.

Ce texte a été écrit à l'origine pour l'école de photographie du forum Canon. Toutefois, j'ai décidé de le mettre également sur le web, dans une forme un peu plus standardisée. De temps à autre j'essayerai de faire des mises à jour, d'ajouter quelque nouveau tuyau, ou peut-être une photo intéressante.

Si vous avez une suggestion, ou correction à proposer, écrivez moi à cette adresse: muflon@photosite.pl. Je ne peux promettre de répondre à chaque mail, mais prendrai encompte compte chaque avis.

Daniel Rychcik

J’adresse mes remerciements à Jean-Marie Spapen pour la traduction initiale. Dans la mesure du possible, je la maintiendrai moi-même. J'espère que mes éventuels défauts de Français ne l'altéreront pas trop ;-)

Avant propos

Avant toute chose: il sera principalement question de photographie de shows aériens et plus particulièrement d'avions militaires. Il y aura quelques mots sur le spotting à la fin.

Deuxièmement, avant de me poser la question, sachez que toutes les règles dont il sera question ici ne se retrouvent pas nécessairement dans mes photos! Souvent, ce sont simplement de «judicieux conseils venant d'amis plus expérimentés» ou ce sont «des choses que je connais mais que j'ai quelque difficulté à appliquer moi-même». Bref, en d'autres termes, ceci n'est pas un guide «comment faire de bonnes photos» car un tel guide ne peut être écrit. Vous devriez plutôt considérer que ce sont des «lignes de conduites pour se rendre à un show aérien et y réussir quelques bons clichés». Notez bien la différence entre «prendre un cliché» et «faire une bonne photo»!

Où ?

C'est en fait le seul problème important. C'est un peu comme la photographie de la nature: vous ne ferez rien de rien. Ainsi si vous voulez photographier des bombardiers stratégiques et que la seule chose près de chez vous est un petit club d'aviation, vous devrez apprendre avec ce dont vous disposez. Et c'est très intéressant d'apprendre avec ce dont on dispose!

Ceci dit, même si vous avez la chance de vivre pas trop loin de votre variété préférée «d'oiseaux», il y a un autre problème: comment s'en approcher sans susciter le refoulement de ceux qui en ont la garde? Généralement il n'y a pas de problème avec l'aviation civile, mais avec les militaires parfois il est souvent bon d'avoir:

Malheureusement, si vous ne parvenez pas à obtenir d'accès parce que vous n'êtes pas un photographe connu ou parce que vous n'avez pas l'un des avantages énumérés ci-dessus. Alors, tant pis, on ne rigole pas avec l'armée!

C'est quand même beaucoup plus facile avec les avions civils. Typiquement, si vous vous rendez aux alentours d'un aéroport, vous vous choisissez un bon coin et vous commencez tout simplement à photographier, rien de vraiment désagréable ne risque de vous arriver. Cela ne veut pas dire que personne ne récriminera! La sécurité aéroportuaire est parfois méticuleuse, mais en fait, à part vous dire de décamper, elle ne vous en dira pas davantage. Heureusement, nous vivons dans des pays relativement normaux. Bien sûr, il peut y avoir une exception: l'avion en approche est le 747 d'El-Al... mais cela est une autre histoire.

Un autre conseil: il est toujours bon de regarder autour de soi et de chercher s'il n'y a pas un fan club d'aviation, quelque chose qui vous mettrait dans le coup. Outre le gain de connaissance en photo évident, vous vous ferez de nouveaux amis, vous apprendrez les bons endroits de spotting, vous échangerez des photos. Et pourquoi pas, finirez à l'école de pilotage :)

A la fin, voici la plus simple, et malheureusement aussi la plus chère des solutions: les shows aériens. Ce qui suit traitera principalement de cela: faire des photos lors de meetings aériens.

Comment?

L'exposition

Pour faire simple, l'arrière plan est sans importance. En l'air, l'arrière plan n'existe pas (sauf si notre F-15 fait justement un passage devant la lune). A terre, on s'arrange le plus souvent pour le brouiller. Donc il me paraît tout à fait pertinent d'utiliser la mesure moyenne à prépondérance centrale (et non la mesure spot) tout en faisant le mise au point sur l'avion. Parfois vous pourrez compenser l'exposition lorsque l'avion est complètement blanc ou noir, par exemple. Toutefois, si vous n'êtes pas sûr de votre technique, utilisez les réglages par défaut, normalement ils devraient être corrects.

Le mode d'exposition essentiel est le mode priorité à la vitesse (TV). Selon le contenu de la photo et selon l'effet désiré, vous devriez choisir la vitesse d'obturation et laisser l'appareil photo déterminer l'ouverture du diaphragme. Nous verrons les détails à ce sujet plus tard.

En ce qui concerne la sensibilité ISO, la règle générale est «l'ISO aussi bas que possible mais si ce n'est pas possible, ne vous tracassez pas outre mesure, utilisez ce qu'il convient» . Toutefois, en pratique, essayez de ne pas aller au delà de 800 ISO pour l'EOS 20D (ou une sensibilité approchante pour une autre marque d'appareil).

Le format RAW est toujours préférable! En pratique, si vous avez le «doigt lourd» cela peut être quelquefois difficile.

Les avions à hélices

Bücker Bü-133 Jungmeister
Bücker Bü-133 Jungmeister, Lausanne (Suisse), 2005
(400mm, f/5.6, 1/60s)

La règle primordiale: qu'importe la focale, la sensibilité, le diaphragme etc., lorsque vous photographiez des avions à hélice en vol n'utilisez pas une vitesse plus rapide que celle nécessaire à brouiller l'hélice. En fonction de l'avion ou de la situation, ceci peut vouloir dire:

Evidement, tous les chiffres sont approximatifs. Après quelques temps, l'expérience vous dira ce qu'il faut faire. Si vous ne suivez pas cette règle, les avions auront l'air «arrêtés» : ce n'est pas un effet désirable et il donne un air «artificiel» aux photos.

Dans tous les cas, augmenter la durée d'exposition (jusqu'au 1/30 sec) rend la photo plus dynamique, plus belle et augmente l'impression de mouvement. Cependant, il devient de plus en plus difficile d'obtenir des photos nettes. Cet effet est accentué lorsque certains éléments du terrain apparaissent dans le cadre. (Voir ci-après dans la section décollage/atterrissage)

Les hélicoptères

Généralement, toutes les règles énumérées ci-dessus s'appliquent sauf qu'avec les hélicoptères, augmenter le temps d'exposition est encore plus important du fait que les pales tournent encore plus lentement. C'est souvent c'est un des rares objets que vous pourrez photographier de face (dans le style classique américain):

Aerospatiale AS-332M1 Super Puma
Aerospatiale AS-332M1 Super Puma, Axalp (Suisse), 2005
(400mm, f/16, 1/125s)

Les jets (en vol)

Northrop F-5E Tiger II
Northrop F-5E Tiger II, Zeltweg (Autriche), 2005
(400mm, f/9.5, 1/2000s)

La chose est un peu plus simple que ci-dessus: «l'impression de mouvement» est souvent rendue par les traces de fumée (ou les nuages de condensation - voir ci-dessous) ou simplement par l'aspect «rapide» de l'avion :). En conséquence, d'habitude, si votre objectif le permet, vous pouvez diminuer le temps d'exposition avec l'habitude, en pratique jusqu'à la limite des conditions du moment - par ex. 1/2000 sec. Parfois il pourra être intéressant de vous mettre en mode AV (mode priorité à l'ouverture) et de fixer le diaphragme à l'ouverture optimale de votre objectif (1 ou 2 diaph. au dessus de la pleine ouverture) et de laisser alors votre boîtier adapter le temps d'exposition.

Décollages et atterrissages

Aermacchi MB-339PAN
Aermacchi MB-339PAN, Payerne (Suisse), 2004
(200mm, f/22, 1/60s)

Un mot: le filé. Ainsi, tout comme avec les avions à hélices: mode TV (mode priorité à la vitesse), temps d'exposition aussi long que la focale le permet, main ferme et, si vous en disposez, stabilisateur verticale (IS mode 2 chez Canon). Il n'y a pas de limite inférieure. Je shoote souvent en dessous du 1/30sec avec un 200mmm et j'ai un ami qui est capable, et de manière reproductible, de sortir un cliché net (et non pas «non flou» mais net) du décollage d'un hélico au 1/20 sec avec un 200mm sans stabilisateur!

Lors d'un meeting aérien, vous pourriez voir assez fréquemment des atterrissages de patrouilles acrobatiques, où les avions qui se suivent diffèrent principalement par leur nombre et les visages dans le cockpit. Vous pouvez l'utiliser (le filé) si vous avez par exemple peu d'avions sur un rang, dans ce cas l'astuce est :

Les planeurs

Les planeurs relèvent d'un domaine particulier. Tout d'abord, oubliez le truc de l'exposition longue (vitesse lente) car il n'y a aucune hélice à garder floue. D'un autre côté, ces planeurs sont en général petits, fins et ne donnent aucunement l'impression de mouvement de par eux-mêmes. Ils sont si petits qu'il est très difficile de rendre des détails en vol sans avoir recours à de très longues focales. Il vous reste donc à tabler sur les traces des fumigènes, heureusement très largement utilisés lors des shows de planeurs, et essayer de rendre les photos attractives d'une autre façon: reflets du soleil ou passage devant la lune.

Je ne peux pas dire grand chose d'autre. Je vois rarement des planeurs et je n'ai pas encore le tour avec eux.

Changement rapide des réglages

Il arrive souvent que vous deviez changer rapidement entre les deux combinaisons de réglages d'un appareil. Selon ce que nous avons vu jusqu'à maintenant, cela peut être:

Certains appareils donnent la possibilite d'enregistrer quelques "custom modes" et il est possible de les changer facilement. Mais si vous n'en possédez pas un de cette catégorie, il y a toujours la solution: l'entrainement! Simplement essayez d'apprendre comment changer ces deux combinaisons de réglages très vite. Cela prend quelques temps, mais avec un peu de travail et d'expérience, je parviens à avoir besoin de moins d'une seconde pour mon EOS 1D :-)

L'exposition statique

Lors d'un meeting aérien, il y a habituellement un tas de choses à voir au sol. Malheureusement, faire des photos d'un statique est difficile:

Une façon de contourner ce problème pourrait être d'arriver au show avant l'ouverture des portes et de se précipiter au statique pour photographier avant la cohue.

Comme il est rare de pouvoir prendre à son aise des photos normales d'un avion entier, il reste à prendre des sujets particuliers comme:

C'est comme pour les planeurs, je ne me sens pas trop compétent quant au statique, j'arrêterai donc ici.

Trucs et astuces

Le cadrage, ou: "couper ou pas couper?"

L'erreur (ou plutôt le schéma répétitif) que vous pouvez voir souvent dans les photos d'aviation est de montrer l'avion en entier, d'un bout de l'aile à l'autre. De telles photos, à la longue sont tout simplement... ennuyeuses.

Règle n°1.: L'élément le plus important est le fuselage. C'est ce qui devrait être le plus en vue sur une bonne image, même s'il faut en arriver à couper un peu des ailes ou des empennages. Qui plus est, si vous disposez d'un bonne photo (en haute résolution), il est souvent intéressant de recadrer de telle sorte que le fuselage devienne le sujet principal de la photo.

Pilatus P3
Pilatus P3, Yverdon (Suisse), 2005
(200mm, f/6.7, 1/180s)

Règle n°2.: Les gros plans, les parties d'avion. Une fois de plus, même si cela signifie diminuer la qualité, il est souvent bon de limiter le cadre à:

Aerospatiale SA-316B Alouette III
Aerospatiale SA-316B Alouette III, Axalp (Suisse), 2005
(115mm, f/10, 1/125s)

Du dessus, du bas, de l'arrière

Oui, l'avion présente différentes faces :) De côté la vue est intéressante parce que vous pouvez bien voir la forme du fuselage. Quand il vient vers vous, ou lorsqu'il tourne en montrant son «ventre», vous pouvez voir l'armement (la plupart du temps des postiches, mais soit ;-)). Après cela il vire pour partir, il y a une chance de voir la postcombustion ( voyez ci-dessous). Afin de conclure, un conseil: n'hésitez pas à faire des photos dans toutes les situations.

Boeing F/A-18F Super Hornet
Boeing F/A-18F Super Hornet, Payerne (Suisse), 2004
(195mm, f/3.5, 1/1500s)

L'horizontalité (ou le manque d')

Généralement, c'est un peu tristounet si, sur une photo d'avion, on voit un bout de terrain qui n'est pas tout à fait horizontal. Si possible, de telles photos devraient être redressées dans le logiciel (mais ne soyez pas excessif, il ne s'agit pas de tout mesurer avec un niveau mais plutôt d'une impression générale d'horizontalité!) Dans quelques cas particuliers, vous pouvez à dessein exagérer les angles, par exemple pour donner l'impression d'une photo air-air. Toutefois, il s'agit d'une opération très difficile à effectuer et cela requiert que vous sachiez exactement ce que vous faites.

Fumées et traces de condensation

Les fumées que l'on voit généralement derrière l'avion peuvent avoir différentes origines.

Le cas le plus simple, c'est de la pure fumée artificielle. L'avion est équipé d'un générateur de fumée, souvent de teintes variées. Lors des démonstrations acrobatiques cela permet de créer quelques jolies figures colorées et d'augmenter l'impression générale de mouvement dans le ciel.

D'autres types de fumées sont tout à fait naturelles. Elles apparaissent toujours lorsqu'il y a une brusque décompression de l'air, la vapeur contenue dans l'air se transforme en eau et persiste sous la forme de minuscules gouttelettes d'eau. Voici un exemple spectaculaire:

Fiat G222TCM
Fiat G222TCM, Zeltweg (Austria), 2005
(400mm, f/5.6, 1/180s)

Cette photo a été prise juste après une forte pluie. L'avion décollait dans une atmosphère très humide. Les hélices sont construites de telle façon que lorsqu'elles tournent, la pression sur la partie avant est beaucoup plus basse (en quelque sorte l'aspirant vers l'avant) que celle qui fait avancer l'avion

Un autre exemple pourrait être le nuage de condensation qui peut être observé lors d'un brusque virage à vitesse sub-sonique.

McDonnell Douglas F-15C Eagle
McDonnell Douglas F-15C Eagle, Payerne (Suisse), 2004
(200mm, f/4.5, 1/750s)

Cette fois, la raison de cette condensation est que l'aile descend brusquement, provoquant une brusque décompression sur l'extrados.

Post-combustion

La post combustion: ce sont ces jolies flammes colorées derrière un jet (Sans entrer dans les détails). Il est particulièrement intéressant d'être prêt (à photographier) si vous pensez que le pilote va vouloir faire un décollage impressionnant. Si vous entendez le mot «grill» parmi les spectateurs, quelque chose pourrait bien se passer!

Lockheed Martin F-16AM Fighting Falcon
Lockheed Martin F-16AM Fighting Falcon, Zeltweg (Austria), 2005
(275mm, f/5.6, 1/90s)

L'air chaud en vibration

Deux nouvelles ici: une bonne et une mauvaise. La mauvaise: les meetings sont généralement organisés en été. Donc il fait chaud, le sol est chaud tout comme l'air. Ce n'est pas toujours visible au travers du viseur, mais dans ce cas, faire une photo d'un avion décollant, roulant, loin de vous , n'aurait pas beaucoup de sens. Lors d'une telle situation, contrôlez votre photo sur l'écran LCD et si le problème de l'air chaud en vibration est bien visible, ne gaspillez pas la mémoire - effacez.

La bonne nouvelle est que lorsque l'air chaud en vibration est couplé à un «grill» (post-combustion) le même air chaud vibrant peut vous donner une photo impressionnante.

McDonnell Douglas F/A-18C Hornet
McDonnell Douglas F/A-18C Hornet, Axalp (Suisse), 2005
(400mm, f/5.6, 1/1600s)

Les patrouilles acrobatiques

Ce sujet peut être divisé en deux. D'abord les figures avec fumigène. Il est bon de savoir, même de façon approximative, comment se déroule une démonstration acrobatique. Cela vous permettra facilement, par exemple, de changer d'objectif et de mettre un grand angle si vous savez que dans 30 sec. le team des Flecce Tricolori va dessiner un joli coeur dans le ciel.

Le deuxième point concerne les plans rapprochés des vols en formation: passage, spirale, vol inversé etc. Ici aussi la connaissance de ce qui va se passer est payante. Mais même si vous ne savez pas, il est parfois juste suffisant de regarder et d'essayer de deviner ce qui pourrait se passer. Par exemple le «crash» des Red Arrows est facile à prévoir.

British Aerospace Hawk T1
British Aerospace Hawk T1, Zeltweg (Austria), 2005
(250mm, f/5.6, 1/1600s)

Lors d'une telle situation vous avez le choix, et un instant pour décider: soit vous optez pour une netteté maximale et alors vous utilisez la vitesse la plus rapide, ou vous choisissez de rendre flou le deuxième avion et alors vous choisissez une vitesse d'exposition plus longue. Il vous faudra dans cette situation une main bien assurée. En passant, je signale que dans ce cas de figure vous n'échapperez probablement pas au mode rafale.

Arrivées, départs, planning

Le jour ou les deux jours d'un meeting c'est une chose mais il y a toute une évolution pour en arriver à ce meeting. Les pilotes doivent se familiariser avec le terrain, doivent s'entraîner etc. Si les organisateurs n'y sont pas opposés et que vous pouvez vous offrir de passer quelques jours dans les environs, vous devriez saisir cette opportunité. Souvent c'est l'occasion d'une expérience équivalente et même meilleure que durant le show principal.

Si ce show principal dure deux jours, et même si l'horaire est très semblable, il est toujours utile d'aller aux deux. Cela vous permet de mieux planifier votre boulot. Par exemple:

Les pilotes

Ils sont présents également! Alors agitez les mains, casquette, drapeau, spécialement lorsqu'ils roulent au sol tout près du public une fois leur vol terminé. Ils répondent souvent de façon fort sympathique.

Pilatus P3
Pilatus P3, Lausanne (Suisse), 2005
(220mm, f/13, 1/125s)

Spotting

Historique

«Spotter les avions» est une variante spéciale de «spotting». Pour faire court, cela va jusqu'à observer les mouvements d'objets particuliers, de les noter (par ex. les numéros d'enregistrement), s'intéresser à eux, leur histoire etc. Ces objets peuvent être des trains, des avions etc. Souvent les spotteurs les plus expérimentés ont une connaissance égale et voire plus grande que les professionnels de l'aviation. Les plus chanceux essayent de faire de leur hobby leur travail.

Spotteurs d'aujourd'hui

C'est un peu différent. Le mot spotter a subi une évolution un peu similaire au terme «hacker». De nos jours, la signification courante est le gars qui passe des heures au bord d'une piste, il a un appareil photo et/ou un bloc-notes, prend des photos et/ou note les numéros d'immatriculation. Ou il ne fait rien d'autre que regarder les avions. Les immatriculations étant secondaires, ce qui compte c'est la passion des machines volantes.

Comme dans le cas des hackers, il y a des voix indignées qui disent que pour le vrai spotteur la photo est optionnelle, les immatriculations sont importantes, et que tous ces jeunes gens autour des clôtures sont des «escrimeurs», qui ne recherchent pas cela du tout. Mais en réalité ces avis sont considérés aussi sérieusement que la guéguerre, dans les années 70, des fondus d'ordinateur à propos de la signification du mot «Hacker» qui signifie... bon, pas grand chose ;-)

Il va sans dire qu'ici, nous parlerons uniquement de la version «escrimeurs» du spotting ;-)

Lumière, lumière, lumière.

Lors d'un show aérien, c'est clair: vous arrivez tel jour et vous devez faire avec les circonstances du moment. Au contraire lorsque l'on planifie une longue session le long des clôtures d'un aéroport local, vous avez le choix. Vous consultez les prévisions, vous connaissez la saison et vous savez à quoi vous attendre.

Dès lors, un conseil: si le temps n'est pas terrible, le soleil caché derrière les nuages, qu'il n'y a pas de belle lumière, abandonnez, essayez une autre fois. Bon, sauf s'il y a réellement quelque chose d'exceptionnel en cours, quelque rareté qui arrive etc alors cela a priorité sur le temps qu'il fait!

Dans tous les cas, il est est bon de vérifier la position du soleil. Evidemment l'idéal serait de l'avoir toujours dans le dos! Donc si vous projetez une excursion sur un aéroport, étudiez la configuration des pistes et, par exemple, si vous avez de la chance et que les mouvements se font suivant un axe Est-Ouest, vous devriez démarrer du côté Sud-Est et migrer lentement vers l'Ouest pendant la journée. Cela peut dépendre aussi de la direction des départs et des arrivées (pour les non motorisés un scanner et la fréquence ATIS (Automatique Terminal Information Service) peuvent s'avérer utile). Hélas, nous n'avons aucune prise la dessus. Non plus sur le fait que le côté sud pourrait être gardé par une clôture électrique et des chiens effrayants gardant une très importante usine. Une fois de plus, si vous n'avez pas ce que vous souhaitez, faites avec ce que vous avez.

Lors des meetings aériens, c'est la même chose: avant de partir contrôlez sur internet la configuration de l'aéroport, essayez de voir où est placé le public et prévoyez comment vous gérerez votre temps et la lumière durant le show.

Les bases de données photographiques

Il y a pas mal de sites web qui enregistrent et cataloguent les photos d'avions du monde entier. Le site le plus largement connu (actuellement autour du million de photos) est http://www.airliners.net La particularité d'Airliners.net est que les screeners ont des critères de sélection extrêmement sévères. Parfois, presque ridicules (euh, c'est chez moi ici, au moins je peux me plaindre si je veux ;-)). Une fois cette photo ci m'a été refusée.

General Dynamics F-16A Fighting Falcon
General Dynamics F-16A Fighting Falcon, Sion (Suisse), 2006
(100mm, f/6.3, 1/800s)

La raison donnée... mauvais centrage dans le cadre!. Toutefois, général cette stricte sélection est l'une des raisons qui fait de Airliners.net le site de référence dans ce domaine.

Quelques autres adresses bien connues:

Le scanner

Ou plus précisément le récepteur AM fonctionnant dans les fréquences utilisées en aviation (108-137 MHZ). C'est utile... bien, mais pour faire simple, disons qu'il augmente le côté «amusant» du passe-temps. Vous pouvez écouter quelques conversations amusantes entre les pilotes et la tour, rire d'un accent italien, ne pas être surpris par un soudain «touch and go» (posé-décollé) d'une équipe de présentation s'exerçant avant le meeting.

Le modèle le plus populaire est probablement le Maycom AR-108, petit, facile à utiliser, il vous permet d'écouter l'ATC (Air Trafic Control) dans un rayon de 2 à 3 kms autour de l'aéroport.

Bon, «écouter» c'est un sujet un peu problématique... La situation réelle peut changer selon le niveau de la fureur antiterroriste dans le pays. En Suisse, où je vis, l'utilisation du scanner est légale. Toutefois, il suffit d'aller de l'autre côté (Français) de l'aéroport de Genève et tout à coup, ce n'est plus aussi évident.

Le matériel

Quoique vous puissiez en penser, vous n'avez pas besoin d'un Canon EOS 1D et d'un tas de téléobjectifs pour faire d'excellentes photos d'avions :). En fait, c'est surtout la longueur de la focale qui importe: un zoom moyen 300mm, relativement rapide (USM: Ultra Sonic Motor = Système Canon pour mise au point ultra-rapide et silencieuse) est généralement suffisant. Un stabilisé (IS) mode 2 (stabilisation verticale) est souvent utile, il facilite les files durant les décollages et atterrissages. Mais bien sûr, le mieux est un zoom 100-400 (avec un facteur de grossissement de 1,6 en fonction du capteur) qui vous donne en pratique suffisamment de confort pour tous vos besoins.

Pour entrer dans les détails: deux objectifs que je vois le plus souvent chez les «amateurs sérieux» sont:

... avec un boîtier Canon 20D ou (moins souvent) 300D/350D

Je possède le premier, et assez souvent j'ai la chance d'essayer le deuxième. Le Sigma est plus lent, n'a pas de stabilisation, il est un peu moins confortable à utiliser (Zoom à rotation au lieu de pompe) mais il fonctionne et donne également de bonnes photos. Toutefois, si je connais quelques personnes qui ont vendu leur Sigma pour acheter un Canon, je n'ai pas entendu parler de gens qui avaient fait l'inverse. Quelques objectifs alternatifs intéressants, vus moins souvent, sont les Sigma 100-300/4 et le 120-300/2,8.

Quant aux professionnels, généralement «de l'autre côté de la barrière», pas de surprise ici: un 600mm, souvent sur une tête Wimberley plus un 300 ou 400 f/2,8 et un 70-200/2,8, le tout monté sur un boîtier pro.

Trépied ou monopode? Et bien, pas vraiment. Faire des photos à un grand meeting, si vous n'avez pas une accréditation presse, ressemble un peu à une bataille:

Vous vous levez le matin, à 7 heures vous vous précipitez aux entrées, vous vous rendez au point spot soigneusement prévu, de préférence avec quelques amis. Deux heures après, l'endroit est complètement surpeuplé. A côté de vous, il y a un gars vraiment instable sur une échelle et qui peut tomber à tout moment. Votre objectif est tout le temps heurté par l'un ou l'autre. Aller faire pipi? Pas question, il vous faudra une heure pour retrouver votre place.

Et c'est comme ça pour quelques heures...

Le disque dur portable - C'est une question individuelle, mais je pense que seule une prise de vues très économe peut vous laisser «survivre» avec juste les cartes mémoires. Naturellement tout dépend du nombre et de quelles cartes vous disposez ;-)

Mais puis-je me rendre à un meeting avec un petit appareil photo, pas de DSLR (Digital Single-Lens Reflex) ni de télé? Hmm... je n'ai pas essayé. Ce qui posera problème sera vraisemblablement la vitesse. Un zoom lent ne devrait pas être un gros problème, de toute façon, vous shootez à fond de télé mais l'autofocus et l'obturateur pourraient être à la traîne. Voici, dans une certaine mesure, deux astuces pour surmonter cela:

Points divers

(Ou: qu'est-ce qui n'a pas sa place ailleurs mais dont je pourrais parler)

La crème anti-solaire: absolument nécessaire. Indépendamment des prévisions météo, n'allez pas à un meeting sans.

Dans la même veine que ce qui précède: une casquette.

Les protections auditives: C'est également individuel. Pour moi, le son d'un F-16 au décollage, post-combustion allumée, décollant à 50 mètres est comme une musique :). Mais c'est toujours bon de disposer de ces protections au cas où. Si vous aller à un meeting avec des enfants, c'est obligatoire, qu'importe s'ils rouspètent.

Les batteries: Le mieux est d'avoir de quoi tenir le double de ce que vous pensez devoir durer. Rappelez vous que par temps chaud elles se déchargeront beaucoup plus vite que d'habitude.

La fin

Félicitations d'être arrivés ici. Et si vous aimez voir comment ce que j'ai dit plus haut s'applique dans la réalité, je vous invite à voir mon site: http://photosite.pl/aviation

Adieux de la Patrouille de France !

Dassault Brequet Alpha Jet
Dassault Brequet Alpha Jet, Zeltweg (Autriche), 2005
(340mm, f/5.6, 1/1500s)